Après deux mois en Suisse, nous retrouvons Viramundo qui nous attend à la marina du Marin en Martinique.
Danièle nous accompagne pour la remise en route et la résolution de quelques soucis techniques et informatiques.
Nous profitons alors de sa présence pour revisiter, par la mer et par la terre, quelques spots martiniquais, notamment Saint-Anne, les anses d’Arlet, Saint-Pierre, la plantation Trois-Rivières et sa distillerie….de quoi compléter nos provisions de route.


En route pour les Anses d’Arlet, sous le vent de La Martinique
Danièle à la barre!
la distillerie

Avec l’arrivée de René, ce sera un au revoir un peu nostalgique à Danièle et aux Petites Antilles.
Nous mettons le cap au sud ouest pour une petite traversée de 375 milles, environ 700 km, jusqu’à l’archipel corallien vénézuélien de Los Roques. Avec un vent modéré et un courant portant, la navigation est paisible  avec toutefois deux petites inquiétudes.

La première est de parvenir à programmer notre arrivée de jour, car les cartes marines de la région sont réputées contenir de nombreuses erreurs. Dans ces endroits mal “pavés” , il faut avoir le soleil le plus haut possible, on estime alors la profondeur à la couleur de l’eau, du bleu nuit au vert turquoise pastel.


Mouillage de Cayo Francisqui


La deuxième source de souci est la situation politique et économique du Venezuela. En effet, le continent et les îles proches, à cause de l’insécurité,  sont devenues infréquentables pour les bateaux de voyage. Cependant, Les Roques et Les Aves, à environ 180 km du continent, semblent calmes et sûres aux dires des bateaux amis qui les ont parcourues récemment.
Nous faisons la même constatation. 
Gran Roque, la capitale, est le seul village de l’Archipel des Roques. Ses étroites rues couvertes de sable sont paisibles, sans aucune voiture,  les habitants et les
écoliers animent la vie villageoise.

Ici, la seule manifestation de la crise vénézuélienne est le bolivar, la monnaie locale. Sa valeur s’effondre chaque jour un peu plus. En mai, il fallait au change officieux 4’000 bolivars pour 1 dollar. Ici, on ne change pas à la banque, mais à la pharmacie, une modeste échoppe avec quelques étagères garnies de shampoings et quelques autres flacons. Le plus étonnant, c’est de voir le pharmacien puiser une quantité incroyable de bolivars d’un carton posé au sol derrière le comptoir.
Quant à nous, pour payer les droits d’accès au parc national, nous avons rempli un sac de courses avec des milliers de coupures de 50 et 100 bolivars.

L’Archipel, à part l’île de Gran Roque, est constitué de 350 “Cayos”, des îlots coralliens déserts et sans relief, entourés d’eaux cristallines absolument sublimes avec toutes les nuances  de bleu et de turquoise.
La plupart de ces coins de terre sont inaccessibles par le peu de profondeur ou protégés par le Parc National.

Nous n’avons rencontré aucun voilier étranger. Seuls quelques kitesurfers  et quelques grosses vedettes venues du continent avec de riches vénézuéliens fréquentent ce fantastique archipel.

Mouillage de Carnerero

Mouillage Carnerero

Mouillage de Cayo Crasqui

Après quelques jours et autant de mouillages de rêve, poussés par l’alizé musclé, nous quittons Los Roques pour les Aves de Barlovento, un archipel voisin encore plus sauvage. 

Les “aves”, les oiseaux en espagnol, tournoient autour de Viramundo déjà loin au large.
L’approche du mouillage est à nouveau assez délicate. Il faut slalomer entre les pâtés de corail afin de trouver un bon emplacement protégé du vent par de grands palétuviers.  

Ces arbres sont de véritables HLM pour des centaines de familles de fous aux pattes rouges. 

Dans cette grande volière, nos seuls compagnons humains ne tardent pas à nous aborder.Ce sont de pauvres pêcheurs vénézuéliens assoiffés.

On échange avec eux de l’eau en quantité, du sucre pour leur café, des biscuits contre des langoustes.

Afin d’équilibrer l’échange, ils vont  même capturer une grosse tortue marine juste pour que l’on puisse la photographier ….joli cadeau!

No comment

A notre départ pour Curaçao, ces pêcheurs attendaient toujours une accalmie de manière à ce que la mer leur permette de rentrer sur le continent. A sept hommes sur une barque déjà bien encombrée avec le matériel de vie et le fruit de la pêche, il ne restait que quelques centimètres de franc-bord…de quoi passer la traversée à écoper l’eau embarquée.

Bonne route!

Outre cette rencontre émouvante, nous avons reçu une belle leçon d’humilité,
nous, navigateurs de luxe, qui avons parfois l’impression de ne pas avoir la vie facile.

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