Il faut une demi-journée de voile pour relier FatuHiva à HivaOa, terre d’asile de Jacques Brel et de Paul Gauguin:
“Je crois qu’un homme est un nomade, il est fait pour se promener, pour aller voir de l’autre côté de la colline.”
Jacques Brel
” Oui, c’est le vieux Brel.
Du fond du Pacifique.
Je vis sur une île perdue.
Belle à crever, mais rude, austère.”
Lettre de Brel à Casy-Rivière- Janvier 1977
Jacques Brel, après sa vie tumultueuse d’artiste et sa longue traversée du Pacifique sur l'”ASKOY”( 59 jours depuis Panama)a certainement aussi apprécié, comme nous, le calme, la sérénité et la qualité du silence ressenti ici à Hiva Oa.
Pendant son séjour sur l’île, finalement assez court, de 1975 à son décès à 49 ans, en 1978, Brel , ainsi que sa compagne Maddly, se sont fortement impliqués dans la vie sociale de l’île.
Par exemple, en plus d’avoir importé des projecteurs de cinéma pour distraire les habitants, il assurait de nombreux vols inter-îles bénévolement avec son bimoteur “Jojo”.
C’est, d’ailleurs, la pièce maîtresse de son “Espace”, situé au cœur de la bourgade d’Atuona, la capitale de l’île.
Il y voisine un autre grand homme du lieu, Paul Gauguin.
Gauguin avait une réputation un peu sulfureuse,; sa consommation de produits stupéfiants et son attirance pour les jeunes femmes locales n’y sont pas étrangers. Toutefois, Paulo, comme l’appelait Brel, était apprécié de la population pour son combat contre les excès de l’administration et des missionnaires catholiques. Cela lui valut un peine de prison à Papeete.
L'”Espace” du peintre a le mérite d’exister même s’il est un peu décevant. On y trouve une reconstitution de sa Maison du Jouir, qui est une coquille vide et une galerie de reproductions plus ou moins fidèles de ses tableaux. Aucune oeuvre originale n’y est exposée, seuls des objets tels que seringues à morphine, fragments de faïence bretonne, fioles d’absinthe retrouvés au fond du puits qui jouxtait sa maison sont mis en vitrine.
L’île d’Hiva Pa, environ 2000 à 2500 habitants, est certes plus développée que Fatu Hiva grâce à la présence de son aéroport, mais on y retrouve la beauté sauvage des paysages et la vie rythmée par les visites des cargos “Aranui” et “Taporo”…et le chant des coqs…
Les Marquisiens ont à cœur de garder leur mode de vie traditionnel, il y a très peu de tourisme à part les bateaux de voyage et les passagers de l'”Aranui”.
A part le bourg d’Atuona et sa route asphaltée qui mène à l’aéroport, il y a quelques très petits villages côtiers desservis par des pistes tortueuses.
Par exemple, il faut deux heures de 4×4 pour atteindre Puamau, situé à 45 kilomètres sur la côte Nord-Est de l’île.
Nous nous y sommes rendus avec John, le pêcheur-guide-chauffeur, pour visiter le site pré-hispanique de Lipona.
Il s’agit d’un meae, un sanctuaire religieux où s’organisaient des cérémonies, notamment avant la pêche, des exécutions, des tatouages, des accouchements…etc.
On y trouve, entre autres, le plus grand tiki de Polynésie, celui du chef guerrier, Takaii( 2m.67), accompagné de son épouse, Fau Poe (1m.80).
Sur la route
Les baies
Puamau
Le site de Lipona
Le tiki souriant
Les fleurs
Le village d’Atuona
Nous quittons provisoirementt les Marquises après un petit séjour à terre aux chalets Hanakéé, dont le propriétaire, Serge, a contribué à conserver la mémoire des deux artistes de l’île.
Et nous laissons Viramundo pour quelques mois au petit chantier naval du coin.